Intervention lors du Conseil Municipal du jeudi 23 mars 2006
Vote du Budget
Ma collègue Leïla Leghmara a dressé les grandes lignes du bilan de l’action municipale. Il est positif dans son ensemble. Nul ne peut le nier : la ville de Colombes va mieux, prospère et se développe.
Un mot sur la baisse du taux de nos impôts locaux. Evidemment, notre groupe se félicite de cet encouragement. Il l’avait d’ailleurs appelé de ces vœux à maintes reprises. Nous sommes ainsi heureux d’avoir contribué à baisser l’effort fiscal des Colombiens. Nous espérons aussi que cette baisse, légère, mais significative d’une tendance - je ne crois pas que l’ancienne majorité ait jamais voté de baisse pendant ses 36 années de mandature- se confirme par la suite. Et nous réitérons donc ce souhait pour l’année prochaine. 5% nous parait un horizon juste et mesuré pour 2007.
N’oublions pas – Madame le maire et le groupe UMP le souligneront sans doute – que cette baisse des taux n’est possible que grâce à la réussite de l’action municipale, depuis 2001. Encore une fois, les impôts baissent parce que le bilan est positif.
Mon intervention, sur la base de ce bilan, se veut porteuse de propositions et de lignes de réflexion pour l’avenir. Parce qu’un développement sans objectif, ni ligne de conduite ne mène à rien. Une croissance urbaine sans accompagnement, ni vision à long terme ne peut qu’échouer et entraîner des déséquilibres. L’expérience communiste et socialiste l’a montré à divers égards.
Mais, le risque est grand, aujourd’hui, de s’enfermer dans une logique de croissance non maîtrisée, qui peut mener à des ruptures plus ou moins brutales. Nous pensons qu’une ville est fragile, qu’elle ne peut encaisser de chocs sans tressaillir, qu’il faut un travail chirurgical, pointé, ciblé, mesuré, pour réussir à répondre à ses retards, ses carences et ses dysfonctionnements (urbains, sociaux, etc.). La patrimoine scolaire, par exemple, réclame encore plus d’effort de notre part. Les besoins sont criants à l’école Denis Papin ou Jean-Jacques Rousseau. La politique des Grands Travaux, des grandes opérations, n’est plus de mise pour notre espace urbain. Notre ville est construite. Il nous faut aujourd’hui, non pas la reconstruire, mais l’aménager, l’améliorer et répondre à ses besoins, à ses problèmes. Non pas faire plus, mais faire mieux.
C’est tout le sens de notre intervention.
Quel type de développement choisissons-nous ? Un Développement Durable, nous l’avons évoqué au dernier conseil. C’est dans cette perspective que nous souhaitons voir évoluer notre ville. Pour plus de dialogue avec les Colombiens, plus de concertation et de participation avec la population. Pour une ville soucieuse de son environnement et de la qualité de vie de ses habitants. Nous pensons que cette approche doit conditionner les mesures que nous allons voter à partir d’aujourd’hui.
Parce qu’une ville n’a pas pour vocation à se développer indéfiniment. Sauf à se transformer radicalement. Des cas existent, autour de nous, pour illustrer ces transformations radicales : Levallois, hier, Courbevoie aujourd’hui. Ces villes ont connu une reconstruction totale afin de satisfaire à un développement exponentiel. Ces exemples peuvent sembler attractifs pour certains. Pas pour nous. Notre groupe souhaite souligner le risque d’emballement et de mutation brusque qu’engendrerait une voie similaire à Colombes. Nous préférons une autre direction que celle du développement quantitatif : celle du développement qualitatif. Le bien-vivre des nos concitoyens, le mieux vivre est notre objectif. Il appelle à une réflexion qualitative de notre développement. Et au cœur de celui-ci : le développement durable.
Mais, tout le monde comprendra que cette réflexion n’a pas de sens si elle est menée dans son coin. Les problèmes de pollution, de rejet de CO², de traitement de nos déchets, de constructions HQE sont les mêmes à Colombes que dans les communes riveraines, qu’une politique de développement durable ne peut avoir de réels impacts en dehors d’une réflexion commune menée avec les autres communes de la Boucle Nord des Hauts de Seine.
Cette façon d’appréhender les défis qui nous attendent ne doit pas se limiter à l’approche environnementale, mais doit se décliner selon les autres facettes : sociales, urbaines : qui peut nier que les ségrégations urbaines, vécues par certains quartiers de Colombes, ne sont pas les mêmes que celles de Nanterre, Asnières, Gennevilliers ou Villeneuve La Garenne ? Dans le cadre de l’aménagement de ce croissant Nord du département, nous appelons à une réflexion commune et à l’instauration d’une intercommunalité de projet pour définir ensemble les réponses à apporter. Que celle de Colombes soit cohérente avec celle d’Asnières ou de Nanterre. Cette logique de projet mené en intercommunalité ne se limite pas à cet aspect, certes essentiel. Elle peut être utilisée pour de nouveaux équipements sociaux, culturels, sportifs, éducatifs, pour que des aberrations, comme celle de la Cuisine Centrale, installée et pensée comme un équipement communal au lieu d’être envisagé de façon plus large, ne se reproduisent pas. Il faut mutualiser, mettre en commun nos réflexions pour mieux gérer les offres de services publics que nous délivrons à nos concitoyens. Une intercommunalité de projets est souhaitable dans une banlieue où les limites communales semblent souvent peu convenir aux logiques d’une réalité ouverte et transversale. La Garenne et Bois-Colombes seraient de judicieux partenaires pour des projets d’investissement regardant le Sud de notre commune. Nanterre, Asnières et Gennevilliers, pour les projets touchant le Nord. Nous appelons au démarrage de rencontres intercommunales fondées sur une dynamique de projet, à géométrie variable, pour permettre une meilleur gestion, plus mutuelle, plus rationnelle, plus proche, moins enfermée dans des frontières artificielles et plus adaptée à la réalité de la vie de nos concitoyens.
Ce sont ces grandes lignes qui guident notre volonté politique pour Colombes : Mieux vivre à Colombes, c’est réfléchir différemment notre développement, plus respectueux de notre ville, de notre environnement, plus concerté avec ses habitants et avec les communes environnantes. Une offre de services publics, mieux maîtrisée, mieux gérées qui permettraient peut-être encore plus de réduction fiscale, certes mais surtout une meilleure adéquation avec la réalité des problèmes que rencontrent Colombes et les Colombiens.
Bien d’autres questions se posent. Est-ce le rôle d’une commune de tout faire, de tout offrir ? Ne faudrait-il pas recentrer ses actions sur ses missions essentielles ? Le débat doit s’ouvrir. Nous y veillerons et nous en reparlerons.
Voici, chers amis, les orientations et les impulsions que nous voulons donner au débat municipal pour les mois qui viennent.